Reims inaugure son tramway


2 rames se croisent rue de Vesles, photo Philippe-Enrico Attal

2 rames se croisent rue de Vesles, photo Philippe-Enrico Attal

Après un premier projet recalé en 1991, le tramway de Reims est enfin sur les rails. Depuis le 18 avril, 2 lignes sont en service dans les rues de la ville.

Objectif 2011. Plus précisément le 18 avril. Ce jour fixé il y a plus de 3 ans marque la mise en service dans la capitale champenoise de 2 lignes de tramway déployées sur 11,2 kms partant de Neufchâtel et reliant les terminus de l’Hôpital et de la gare Champagne TGV. Les 23 nouvelles stations sont desservies par 18 rames de 32 m du Citadis d’Alstom. Avec un trafic espéré de 45 000 voyageurs par jour, ce nouvel axe structurant répond pleinement aux besoins de déplacement de la capitale régionale. Concrètement, il s’agit d’exploiter 2 lignes: La A partant de Neufchâtel au nord pour rejoindre les Hôpitaux desservant au passage le faubourg de Laon, la gare SNCF, le Théâtre, la rue de Vesle et le quartier Croix Rouge. L’autre ligne, la B relie la gare SNCF à la gare TGV, se décrochant de la ligne A peu avant Château-d’Eau pour descendre plus au sud vers le centre de maintenance des trams et la gare de Champagne TGV. Les 2 lignes sont en tronc commun entre les stations Gare-Centre et Arago. Plusieurs parkings relais sont en place à Neufchâtel, place des Belges et aux Hôpitaux. Aux heures de pointe, l’intervalle entre 2 rames devrait tourner autour de 6 minutes. La vitesse commerciale prévue est de 19 km/h.

La priorité est désormais au tramway, photo Philippe-Enrico Attal

La priorité est désormais au tramway, photo Philippe-Enrico Attal

Ville historique oblige, le centre ville est équipé de l’APS, l’alimentation par le sol évitant de déployer la ligne aérienne de contact au coeur de la cité des sacres. Le système est utilisé entre 5 stations depuis Boulingrin juste avant la Gare jusqu’à Comédie après le pont sur la Marne. Reims bénéficie ici de l’expérience de Bordeaux qui a essuyé les plâtres sur cette technologie et qui permet aujourd’hui à Alstom de proposer cette option. Angers pour son futur tramway et Orléans pour sa deuxième ligne ont fait le même choix.

Autre particularité de la nouvelle ligne, le principe de la concession. C’est MARS, entendez Mobilité de l’Agglomération Reimoise, qui est en charge de la construction et de l’exploitation pour 30 ans. Un groupement privé dans lequel se retrouvent notamment la Caisse des Dépôts au travers de Transdev, Alstom ou encore Bouygues et Colas. Une combinaison qui n’est pas sans rappeler le premier projet de tramway des années 80. A l’époque, la ville avait opté pour un tram « clefs en main » mis en oeuvre par un groupement promoteur dans lequel on retrouvait Bouygues, Spie-Batignolles, Alsthom, la Sofretu ou encore les TUR, l’exploitant du réseau d’autobus. Après l’échec de cette première ligne, l’idée d’une concession a été conservée pour le nouveau projet.

Le personnel de conduite en formation, photo Philippe-Enrico Attal

Le personnel de conduite en formation, photo Philippe-Enrico Attal

Comme il est désormais de règle pour la construction de tout nouveau tramway, les travaux ont été l’occasion de réaliser un réaménagement urbain en profondeur. Plus de 2400 arbres ont étés plantés après d’inévitables abattages. La première pierre du tram fut d’ailleurs… un pommier planté par Adeline Hazan maire de Reims et Christian Messelyn président de Mars. Au delà, c’est la place même de l’automobile en ville qui est repensée. De nouveaux sens de circulation ont été aménagés et une trémie routière a été percée à hauteur de la gare dégageant son esplanade de la circulation automobile. La longue rue de Vesle artère commerçante de la ville autrefois embouteillée est totalement rendue aux piétons. A ses 2 extrémités, des aiguilles sont déjà en place pour des prolongements à venir.

Après un timide début des travaux en mai 2008, les choses se sont vraiment accéléré courant 2009 avec la réalisation des ouvrages importants, en particulier le chantier du souterrain de la gare. Dans la foulée, les tous premiers rails sont apparus en mai 2009. En avril 2010, la fin de la pose des voies a coïncidé avec la livraison de la première rame le 26 mars. Le 28 juin a été ouverte la trémie de la gare partie intégrante du projet. En septembre 2010 ont commencés les toutes premières circulations, début de la phase d’essais du matériel et de formation des conducteurs. Les marches à blanc se sont déroulées durant tout le mois de mars. Chaque rame a parcouru 2500 kms avant l’inauguration en présence des officiels le 16 avril. 2 jours après, les 2 lignes étaient livrées au public. En parallèle, une nouvelle billettique sans contact est entrée en vigueur.

Le tramway de Reims pourtant revient de loin. Un premier projet a vu le jour dans les années 80 dans la foulée des villes de Nantes et Grenoble. Une ligne de 7,4 kms devait relier en 19 stations la gare SNCF au quartier de Châtillon. La population consultée approuvait le tramway à près de 74 % et le district s’était prononcé favorablement. On prévoyait une inauguration pour 1994 avant que le conseil municipal devant l’ampleur du projet ne fasse machine arrière.

C’est plus d’une décennie plus tard alors que le club des villes du tram ne cesse de s’agrandir que Reims est revenu sur son choix. Le contexte est différent. Le respect de l’environnement, la desserte de la gare TGV ont fait évolué le dossier. Le nord de l’agglomération vers Neufchâtel oublié dans le premier projet est désormais pris en compte.

Le tram de Reims durant les marches à blanc, photo Philippe-Enrico Attal

Le tram de Reims durant les marches à blanc, photo Philippe-Enrico Attal

Mais cet échec a laissé des traces. Plus que jamais, il a fallu expliquer et rassurer. Dans la foulée du début des travaux s’est ouvert place du Théâtre à l’emplacement d’une ancienne brasserie un espace info destiné au public animé par des « ambassadeurs » formés à tous les aspects du tram. D’autres espaces d’information ont suivi le long du tracé de la ligne. Un numéro vert a été mis en place ainsi qu’un médiateur pour faire face aux éventuels conflits. En même temps est paru le premier numéro d’un magazine de 8 pages, « Ticket 2011 » destiné à l’information du public. Une consultation a également été organisée pour choisir le design du nouveau matériel. Selon le principe désormais admis, chaque tramway français se doit de posséder son identité, de préférence en rapport à la culture locale. Après le tram en forme de proue de navire à Marseille, celui de Toulouse rappelant la cabine d’un avion, Reims a choisi d’évoquer le champagne en donnant à l’avant du Citadis l’aspect d’une flûte. Un choix approuvé par près de 9000 personnes.

Dessiné par le cabinet MDB Design, ce tramway là ne ressemble à aucun autre. Par sa forme, bien sûr mais aussi par le choix des couleurs. Le tram de Reims se décline en effet en 8 coloris vert, jaune, rouge, mauve… Une livrée appliquée également aux autobus de la ville. La maquette grandeur nature dans une livrée verte a été présentée au public place d’Erlon du 19 au 29 septembre 2007. Fin mars 2010, c’est la première rame réceptionnée qui a été exposée sur le parvis de la cathédrale. Les 18 rames sont entretenues dans un nouveau centre de maintenance inauguré le 21 mai 2010 à Bezannes. Un Poste de Commandement Centralisé y a prit place pour gérer la circulation des bus et des tramways. Les 2 nouvelles lignes auront coûté 305 millions d’euros et des prolongements sont envisagés pour lesquels plusieurs pistes sont encore à l’étude. 2 aiguilles déjà posées aux extrémités de la rue de Vesle permettent d’envisager un réseau utilisant cette artère comme colonne vertébrale. Les quartiers de Tinqueux à l’ouest et de Bétheny à l’est pourraient ainsi être desservis par le tramway. Après des débuts difficiles, l’avenir du tramway à Reims est désormais prometteur.

Publié dans Rail Passion en mai 2011


Philippe-Enrico ATTAL

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