Le tram T2 bientôt parisien


Après son retour sur les maréchaux, le tramway revient à Paris par la grande porte. Celle de Versailles où la ligne qui part de La-Défense devrait arriver dès la fin de l’an prochain. Les travaux entrent dans leur phase active et déjà les premiers rails sont posés.

Une rame du T2 en retournement à Issy, photo Philippe-Enrico Attal

Une rame du T2 en retournement à Issy, photo Philippe-Enrico Attal

On avait presque fini par l’oublier, la ligne du tramway T2 n’est pas terminée. Depuis Juillet 1997, elle relie La-Défense à Issy-les-Moulineaux avec un succès certain. On frôle aujourd’hui les 80 000 voyageurs par jour. Très loin du petit train de banlieue qui l’a précédé sur le même parcours jusqu’en mai 1993. Il faut dire qu’entre temps la ligne a été totalement reconstruite, électrifiée par caténaire quand le train s’alimentait par 3e rail. Les passages à niveau ont été remplacés par des feux rouges, les quais abaissés, de nouveaux arrêts installés et un tout nouveau dépôt tramways mis en service. L’exploitation de la ligne a été transférée de la SNCF à la RATP. Le sens de circulation a été modifié pour passer de la gauche « type chemin de fer » à la droite plus apte à un véhicule routier. Autre raison de son succès, le prolongement de Puteaux à La-Défense au coeur d’un vaste ensemble multimodal où se retrouvent RER, métro, Transiliens et autobus. Une ligne totalement modernisée apte à faire face à un fort accroissement de son trafic. Les prévisions les plus optimistes étaient pourtant en deçà de la réalité quand ils parlaient de 25 000 voyageurs par jour. Devant l’affluence il a été nécessaire en 2005 d’allonger les quais afin de constituer des rames doubles de 65 m plus en rapport avec le trafic du T2.

La Petite Ceinture est abandonnée

Et pourtant la ligne est restée incomplète. Elle s’arrête pour l’heure à quelques encablures de Paris à Issy-Val-de-Seine dans un nouveau quartier d’affaire qui pousse au milieu d’une ancienne zone industrielle. Heureusement elle est là en correspondance avec le RER C qui continue vers la capitale. Des terminus de bus ont également été rabattus comme le 39 ou le 323, mais la situation ne peut être que provisoire. Décidé dès l’origine du projet, le prolongement à la Porte-de-Versailles s’est heurté à de nombreux obstacles. Le premier et non des moindres étant le choix du tracé. Longtemps il a été question de réutiliser ici un tronçon de la Petite Ceinture entre le Pont du Garigliano et la Porte de Versailles. Il existe d’ailleurs un raccordement entre la voie venant d’Issy et la Petite Ceinture. Seul restait à construire un saut de mouton pour passer sous les voies du RER et assurer la liaison.

Le chantier devant le Parc des Expositions, photo Philippe-Enrico Attal

Le chantier devant le Parc des Expositions, photo Philippe-Enrico Attal

Mais les mêmes arguments visant à construire le tram des maréchaux sur la chaussée plutôt que sur la Petite Ceinture se sont retrouvés ici. La station Porte-de-Versailles située en réalité rue de Vaugirard était trop éloignée du métro et du Parc des Expositions qu’elle était censée desservir. Après enquête publique et malgré l’avis défavorable rendu par le commissaire enquêteur, c’est finalement un tracé plus au sud, de l’autre côté du périphérique qui a été préféré. Restait à en trouver le financement. Plusieurs fois reporté, le projet a pris ainsi beaucoup de retard. D’autres infrastructures sont apparues prioritaires. Finalement, la Région, le Conseil Général des Hauts de Seine, l’Etat, la Ratp, la Ville de Paris et la Communauté d’Agglomération Arc de Seine ont décidé de participer aux 91 millions d’euros auxquels s’ajoutent 19 millions pour le matériel roulant. Dès lors en août 2005, les tous premiers travaux de déviation de réseaux ont pu commencer. Le génie civil est engagé depuis le début 2007. A un peu plus d’un an de la mise en service, on entre dans la phase finale. La plate-forme est clairement délimitée et les premiers rails apparaissent.

Pas de circulation sur les rails du T3

Depuis la gare d’Issy-Val-de-Seine, la ligne du T2 longe le RER C côté ouest avant de passer sous ses voies. Elle remonte ensuite le long du RER côté est avant de s’engager sur un pont rail au dessus du boulevard Gallieni. La ligne continue ensuite jusqu’au Périphérique dont elle suit le tracé jusqu’à son premier arrêt Porte-de-Sèvres (future station Suzanne-Lenglen). Ici, elle est à quelques mètres du dépôt Lucotte du T3, sans pour autant bénéficier de ses infrastructures. La correspondance avec la ligne 8 du métro à Balard est prévue. Une sortie spéciale a même été étudiée.

Les premiers rails peu avant la Porte de Sèvres, photo Philippe-Enrico Attal

Les premiers rails peu avant la Porte de Sèvres, photo Philippe-Enrico Attal

La ligne emprunte ensuite la rue Louis Armand toujours en contrebas du Périphérique jusqu’à la Porte-d’Issy, second point d’arrêt. Elle emprunte ensuite la rue d’Oradour-sur-Glane jusqu’à hauteur de l’avenue Ernest Renan où elle bifurque en direction de la Porte-de-Versailles. Le terminus est prévu le long de l’avenue Renan juste devant l’entrée du Parc des Expositions et du métro ligne 12. La correspondance est assurée avec le T3 bien qu’aucune voie, pas même de service ne soit prévue entre les deux lignes. La raison invoquée est technique, le gabarit des rames du T3 de 2,65 m de large se révélant incompatible avec le T2 de 2,40 m. Le contraire serait pourtant possible mais ne semble pas avoir été envisagé. La mise en service est pour l’heure prévue pour l’automne 2009 mais il reste encore beaucoup à faire.

RFF maître d’oeuvre

Au niveau du gros oeuvre, la maîtrise d’ouvrage a été confiée à Réseau Ferré de France au regard des travaux à réaliser dans les emprises SNCF. Au commencement du chantier, on a procédé à la démolition des immeubles se trouvant boulevard Gallieni à Issy-les-Moulineaux. Ensuite, une base de maintenance provisoire pour la ligne C a été installée sur la Petite Ceinture à hauteur de Balard après un petit réaménagement des voies. Elle remplace la base de maintenance qui se trouvait dans les emprises du chantier. Dans la foulée ont pu démarrer les travaux de réalisation d’un passage en souterrain des voies du tram sous le RER C. Après la station Issy la voie se prolonge en pente vers le nord avant d’utiliser un petit tunnel qui permet de ressortir de l’autre côté des voies RER. Démarré début 2007, cet important chantier a été réalisé en phases successives à la faveur d’interruptions de trafic du RER C.

La base provisoire sur la Petite Ceinture, photo Philippe-Enrico Attal

La base provisoire sur la Petite Ceinture, photo Philippe-Enrico Attal

Il a notamment nécessité la pose d’un tablier provisoire pour la ligne C permettant les travaux de génie civil sous les voies. Les 10 et 11 novembre 2007, le tablier définitif a été mis en place et les travaux dans ce secteur entrent dans leur phase finale La voie du T2 s’engage ensuite sur un pont-rail pour passer au dessus du boulevard Gallieni et de la rue Bara. 60 mètres de long pour 8,35m de large, l’ouvrage commencé en août 2007 est déjà bien avancé. Son achèvement est prévu pour le troisième trimestre 2008. Il est prolongé par une rampe de 115 mètres afin de permettre au T2 de rejoindre le niveau de la chaussée à hauteur du boulevard Périphérique.

Un mur végétal

Au delà, c’est la plate-forme proprement dite qui se dessine, la ligne n’empruntant aucune voie routière existante. En contrebas du Périphérique, le tramway ne se détache de celui-ci qu’à hauteur de la Porte de Sèvres, en face de l’Héliport de Paris. Là, le béton de la plate forme est coulé et un coupon de rails est posé. A cet endroit, adossé au viaduc du boulevard routier se construit une sous-station électrique. Les travaux n’en sont pour l’heure qu’à leurs débuts. La ligne se prolonge ensuite rue Louis Armand où le rail est posé sur une centaine de mètres. Ici, les travaux ne devraient pas poser de grandes difficultés. Même chose au delà de la Porte d’Issy dans la rue d’Oradour-sur-Glane. Les pelleteuses ont attaqué la chaussée et un tapis de bitume a été posé. Sur cet axe, des aménagements paysagers sont prévus le long du Périphérique. Un mur végétal de 150 mètres de long sur 3,50 mètres de hauteur doit permettre de masquer partiellement la voie routière. Pour le moment, l’ensemble fait encore un peu pauvre. Il va falloir attendre une ou deux saisons que les plantations aient pris de l’ampleur.

L'amorce du prolongement à Issy, photo Philippe-Enrico Attal

L'amorce du prolongement à Issy, photo Philippe-Enrico Attal

D’ici l’inauguration dans un peu plus d’un an, les choses devraient s’arranger. Au delà, avenue Ernest Renan les travaux sur la plate-forme sont moins avancés. Le sol est creusé sur quelques dizaines de centimètres en attendant un revêtement permettant la pose de la voie. Le terminus se situe à hauteur du Palais des Expositions et du métro ligne 12. Jusqu’à ces dernières années on voyait encore une voie de tramway dans cette avenue. Il ne s’agissait pas des travaux préliminaires du T2 mais d’un reste de l’infrastructure du tramway 23 qui jusqu’en 1936 reliait la Porte-de-Versailles à la Porte-d’Auteuil. Remplacé par un autobus, il a été reporté par la suite à la Mairie-d’Issy où l’on trouve encore aujourd’hui son descendant le bus 123.

A la mise en service de la ligne, il faudra 28 minutes pour aller de La-Défense à la Porte-de-Versailles. Le T2 pourra alors donner son maximum et une nouvelle augmentation du trafic devrait logiquement couronner ce prolongement. Rendez vous à l’automne 2009 pour se faire une idée plus précise.


Philippe-Enrico ATTAL

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